Plan de relance de l’élevage Les syndicats en attendent plus
La Fnsea et la Coordination rurale craignent un effet d’annonce. Les deux syndicats ne voient pas dans le plan de relance exceptionnel de l'élevage présenté par Stéphane le Foll lors du Conseil des ministres du mercredi 6 mars, des réponses concrètes et convaincantes pour redonner de l’espoir aux éleveurs.
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Pour la CR et la Fnsea, ce plan n'apporte pas de mesures convaincantes pour redonner de l'espoir aux éleveurs. (© Terre-net Média) |
« Cependant, elle ne suffit pas, loin de là, nous restons vigilants quant à la mise en œuvre de ces mesures et notamment sur le caractère d’extrême urgence de la situation. Une inquiétude montante face aux normes environnementales qui se durcissent, des négociations avec la grande distribution qui piétinent, les éleveurs sont à bout … »
« Il est impératif que les premières décisions soient mises en œuvre dans les plus brefs délais si nous voulons que l’élevage français conserve son professionnalisme, ses atouts, son niveau d’excellence et parte à l’abordage des marchés dans un esprit de reconquête qui garantisse revenus aux producteurs et confiance en l’avenir. Au delà des mots, des actes ! »
La CR réagit en cinq points
Déçue d’en avoir appris le contenu par voie de presse, la Coordination rurale estime que le gouvernement a présenté « un énième plan sans réponse aux angoisses des éleveurs. »
Le syndicat réagit à cette mascarade en cinq points :
1) Des soutiens spécifiques à l'effet douteux
Concernant les soutiens spécifiques liés à la prochaine Pac (soit au plus tôt en 2015), les propositions de ce plan n'apportent aucune visibilité à l'élevage français. Il y a même fort à parier que l'harmonisation des Dup pénalisera certains éleveurs dont les Dpu comportent d'anciennes primes animales (Psbm, Pab, …).
2) Des mesures en trompe l’œil pour les nitrates
L' « assouplissement » du durcissement du 5ème plan d'actions de la directive Nitrates, apparaît dérisoire à la CR (qui avait néanmoins fait de nombreuses propositions en ce sens au moment des débats) au vu de l'imposture scientifique à l'origine du problème : les nitrates ne représentent aucun danger pour la santé et ceux issus de l'agriculture ne sont pas responsables du développement des algues vertes.
3) La France en retard sur la méthanisation
Le développement de la méthanisation est un enjeu crucial pour nos élevages, si celui-ci n'était pas réservé aux plus gros d'entre eux, ce qui semble être le cas de ce plan. Par conséquent, ce plan risque même de précipiter la chute des plus faibles, incapables d'investir.
4) Une retraite décente et une année blanche plutôt que des reports de cotisation
Les reports des échéances, qui cette fois-ci concernent les cotisations sociales, font suite à ceux du Psea (plan de soutien exceptionnel à l'agriculture) de 2009 puis du plan d'urgence sécheresse de 2011, mis en place par le gouvernement précédent : ils ne font que remettre à plus tard la difficulté de paiement, alors qu'une année blanche aurait été un véritable coup de pouce. Le travail des éleveurs ne leur permet pas d'avoir un revenu, et par conséquent de capitaliser pour leur retraite.
5) Une nouvelle Pac pour des prix justes et rémunérateurs
Enfin, il est certes intéressant de se pencher sur le détail des relations commerciales et contractuelles, mais les intermédiaires ont montré qu'ils pouvaient contourner les cadres imposés en important des produits agricoles ou alimentaires à bas prix. C'est donc un travail politique plus profond qu'il convient de mener. Il s'agit soit de continuer à gérer l'ensemble des dégâts de la politique agricole par une communication trompeuse, soit d'affronter enfin la réalité de l'agriculture européenne et avoir le courage de réformer la Pac en profondeur afin que les éleveurs puissent vivre normalement de leur travail.
Nous attendons les réactions de la Confédération paysanne et du Modef.
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